Barba ...papayou dans les travaux

8 septembre 2006

Barba ...papayou dans les travaux

Salut Papayou ! Je viens de me taper 29 jours non-stop de poussière, de pluie et de sandwiches élastiques … pour toi. Enfin pour 1/7° de ta famille (toi) et les 5 autres, adultes compris…. Non j'étais pas dans un vieux raffiot sur le Bosphore à Istambul. Non j'étais pas non plus en safariland de Quimper. J'étais chez toi, Papayou. Enfin, quand j'dis chez toi …. Pour tout te dire, il y a moins d'un mois ta chambre elle donnait direct sur le ciel …. C'est dire. Ils avaient enlevé le toit de ta maison, et le plafond de la chambre de tes parents c'était des poutres à ciel ouvert. Alors avec ta mère, plus épanouie que jamais, au propre comme au figuré (enceinte de 8 mois, une vraie baleine en fait), ton père, plus pinailleur (mais non c'est pas mal élevé comme mot !) que d'habitude et mon mec en stakhanoviste acharné du pinceau, on a gratté, ponçé, gratté, enduis, gratté, peint, gratté, papiété, gratté, parqueté, nettoyé, baguetté le sol, les murs et le plafond de ta maison. Il faut quand même que tu te rendes compte de notre environnement : la radio Nostalgie toute la journée dans les oreilles avec siffler sur la colline, la Bohème ou Alexandrie-Alexandra-Ah et des pauses pub plus horripilantes les unes que les autres, du style Papa-qu'a-pas-acheté-son-BN-avec-les-tickets-Leclerc, et l'autre débile de Trifouilly-les-Oies-qu'avait-un-éclat-gros-comme-2-Euros-sur-le-pare-brise-et-qu'a-même-pas-été-chez-Carglass. Bon, heureusement, on a eu aussi quelques grands airs de perceuse et/ou ponceuse qui redressent aussitôt les tympans. Dès que la radio s'arrêtait …. ta tante (c'est moi) fredonnait un air en répétant péniblement quelques mots saisis au vol (du bourdon) sur U2 ou Abba. Ca donnait quelque chose comme "I'm still staaaannndinnnnng weweaaaa" et aussitôt, inexplicablement (mais j'ai ma petite idée !) l'une des 3 ou 4 personnes dans la pièce remettait la radio. Tout ça c'est seulement l'ambiance sonore que je te décris là. Et je ne te parle pas des grincements de la scie circulaire … un vrai cauchemar. Tu te crois revenu dans un film avec dentiste et psychopathe dans le même rôle. Dans le genre t'as aussi les disques de jazz de ton père …. Mais la durée devait être limitée à un petit 1/4 d'heure pas plus parce que c'est un truc qui donne envie de meurtre au-delà de la quinzaine de minutes. Alors vu les outils qu'on manipulait ... c'était pas conseillé ! Tu as eu droit aussi à un certain nombre de jurons de toutes sortes …. Orientés malencontreusement vers notre génitrice commune (putain d'ta m... !) sans qu'il n'y ait jamais eu aucune intention de nuire à notre bien-aimée maman cependant. Alors le soir, quand on rentrait dans notre appartement à nous … dans Paris, sans flaques d'eau, sans peinture, sans plâtre, avec le parquet tout ciré et les moulures toutes angéliques, on avait tellement mal partout qu'on se prenait pour des octogénaires maltraités dans un hospice de vieux. Des courbatures, des ampoules, des coupures, des brûlures, et des mèches bleu-blanc-rouge dans les cheveux. Alors je pensais à toi qui allait arriver dans un nid tout beau tout neuf, et à Gus qui aurait sa chambre à lui de grand garçon, à Mimi qui partagerait sa nouvelle chambre avec toi, Tifille et sa chambre de princesse, toute rangée et toute propre, et mon grandissime Bobo en chef de fratrie dans sa belle chambre de p"tit mec. On en a piqué des fous-rires, on a changé d'avis 23 fois par jour, ocre ou safran, rouge basque ou vert anglais, motifs pattes de chat ou zoo en folie, tuile provençale ou crépi, parquet flottant ou coco branché. Sache que tu as échappé aux rayures "Triplés du Fig Mag", au parquet formica, au jaune poussin du sol au plafond et aux rayures marines Oléron dans les toilettes. On a comparé les prix, les pots, les longueurs, les textures, les assortiments, les colorants, les cires, les enduis de lissage, de rempotage ou que sais-je encore. On a calculé des angles au millimètre, on a bêché le jardin, porté 23.000 kilos (au bas mot !) sur des brouettes, des caddies ou des planches à roulettes, comparé 2.650 fois le Casto de Vélizy oùkisontouscons-maiskélplupré et le Leroy-Merlin de Massy késuperbien-maisksétroploin. On a parlé kurdo-turc avec les ouvriers, et débilo-stupide avec le plombier qu'avait pris l'eau dans ses tuyaux rachidiens. Sans oublier que tu te permettais quelques galipettes dans le ventre de ta mère qui marchait chaque jour un peu plus en canard ! Bon, elle est belle ta maison maintenant … c'est quand que tu arrives ? Ta Tatie Griotte Quelques heures après ...... bonjour Papayou-Clément ! 0906_Naissance_Cle_ment_3