21 janvier 2007
Grande petite Kéla
Grande petite Kéla
Tu es partie ce matin-là
Tu as fermé les yeux pour la dernière fois
Pour ne plus jamais regarder derrière toi
Cette enfance à laquelle tu n'as pas eu droit
Et cet enfant qui est aussi un peu de toi.
Ton chemin, hérissé de tant de croix,
Tu l'as suivi, digne et droite, il t'a conduit là.
Là où tout a commencé pour toi
Là où tu as fait tes premiers pas
Là où pour la première fois
Tu as murmuré le mot Papa.
Grande petite Kéla
C'est à toi que je pense en écrivant ça
A toi que je connaissais mal, peut-être pas
A toi que je vois dans le coeur en éclats
De ceux qui t'aimaient et sont restés là
Et qui voudraient encore se serrer contre toi.
A tes soeurs, à ton frère qui souffrent ici-bas
A ta mère qui hurle mais que l'on n'entend pas
A ton fils qui cherche le creux de tes bras
A tous ceux qui se demandent pourquoi,
Qui se demandent comment, un papa
A pu un jour te salir comme ça.
Grande petite Kéla
Dans le sable j'ai regardé tes pas
Qui dans le vent sont partis vers là-bas
Vers cet ailleurs qu'on ne nomme pas.
Ton corps si fragile est venu jusque-là
Au bord de cette mer qui emporte à la fois
Tes rêves et tes larmes jusqu'au Nigéria
Lavant ton corps en faisant miroiter ton âme de joie
Tu es venue confier cet enfant jusqu'au bout de toi
Puisque ton coeur plus loin ne pouvait pas
Vers ceux qui sauront lui donner une famille et un toit
Et l'accompagner en lui parlant de toi.
Grande petite Kéla
Je t'écris où que tu sois
Ce poème que tu connais sûrement déjà
Puisque je crois que tu guides mes doigts
Comme une encre qui ne sécherait pas
Pour que tu puisses dans l'au-delà
Avec ceux qui y sont déjà
Souffler les braises de cet espoir-là
Quand nos âmes auront trop froid.
Et quand la-haut tu le rencontreras
Montre-lui comment tu es devenue toi,
Malgré lui, malgré tout, dans cette vie-là.
Grande petite Kéla
Nous on va rester là
Dans ce monde où tu n'es pas
Avec ton petit d'homme signe de toi
Comme un cadeau qu'on n'attendait pas
Comme un soleil qui réchauffe nos choix
Sur cette plage qui brille dans le froid
Avec son rire qui couvre nos voix
Et qui nous rappelle à chaque fois
Ce que lui il sait déjà
Qu'on a gardé le meilleur de toi,
Et qu'une Kéla ça s'oublie pas.
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